Les pénuries de main-d’oeuvre persistent dans les technos.
Ces derniers mois, le secteur canadien des technologies a commencé à afficher des pancartes « offre d’emploi », entrepris des recherches à la grandeur du pays et maintenant, certaines de ses entreprises font des efforts désespérés pour dénicher des techniciens en informatique qui pourraient combler ses nombreux postes disponibles.
L’économie canadienne est en perte de vitesse et le taux de chômage grimpe, les secteurs industriels de l’Ontario et du Québec encaissant les contrecoups de la hausse du dollar canadien et la crainte d’une récession aux États-Unis.
Mais d’importantes pénuries de main-d’oeuvre persistent dans les secteurs de la technologie, des services et des métiers spécialisés.
Sur le site Workopolis, le plus important opérateur de recherche d’emploi sur Internet, les affichages de postes pour les programmeurs qualifiés de logiciels informatiques et les techniciens en matériel ont grimpé de plus de 300% au cours de la dernière année et les candidats intéressés sont peu nombreux.
« La majorité des personnes que nous avons rencontrées pour des interviews ces derniers temps sont des nouveaux Canadiens, plutôt que des personnes qui sont nées au Canada », a observé le président de Workopolis, Patrick Sullivan.
Selon M. Sullivan, une partie du problème s’explique par le fait que peu de Canadiens sont formés en programmation d’ordinateurs et de réseaux, une situation qui aurait surpris tous les conseillers en orientation professionnelle des écoles secondaires il y a dix ans.
Les postes de programmeurs informatiques représentaient jadis le Saint-Graal des élèves fraîchement sortis de l’école secondaire. La demande était particulièrement forte chez les entreprises comme Nortel et Microsoft.
Mais tout cela a basculé avec l’éclosion de la bulle technologique, à l’aube des années 2000, lorsque le secteur a collectionné les pertes financières, les éliminations massives d’emplois et les régimes amaigrissants corporatifs.
« Je crois que les parents ont dit à leurs enfants : « Eh, tu ne devrais pas aller dans les technologies’ », a estimé M. Sullivan.
« Il y a eu un réel ralentissement du nombre de jeunes qui se sont inscrits dans les programmes technologiques des universités. On peut retracer cela à ces années-là, et ça n’a toujours pas repris. »
Selon un récent rapport du Conference Board of Canada, le pays aura besoin de 90 000 travailleurs dans le secteur des technologies de l’information au cours des cinq prochaines années, en partie pour alimenter l’explosion des affaires sans fil et Internet.
Chaque poste qui ne sera pas comblé coûtera à l’économie environ 120 000 $ par année.
Le mois dernier, Bell Canada (TSX:BCE) s’est joint à un groupe d’entreprises canadiennes pour entamer une chasse aux travailleurs canadiens des technologies de l’information.
« Les jeunes ne sont pas intéressés par les carrières des technologies de l’information (TI) parce qu’ils ne voient pas la valeur et l’impact des TI dans nos compagnies et notre société », a estimé le chef du personnel de Bell Canada, François Morin.
« Ils ont l’impression que c’est maintenant incrusté dans notre vie quotidienne. » Les emplois du secteur des TI ont tendance à passer inaperçus dans les rapports mensuels sur l’emploi au Canada.
Les économistes s’intéressent surtout aux chocs ressentis par le Canada en raison des soubresauts de l’économie américaine.
Les fabricants canadiens sont déjà aux prises avec un ralentissement des exportations - résultat, en partie, de la vigueur du dollar canadien -, et ce secteur se retrouve par conséquent sous le microscope des analystes.
« Nous sommes dans une période de ralentissement d’un cycle. La croissance canadienne ralentit », a observé Michael Gregory, un analyste chez BMO marchés des capitaux.
« Malheureusement, avec le double échec d’une récession américaine probable et du dollar canadien qui flirte toujours avec la parité, cela va générer d’importants maux de tête - encore plus de maux de tête - pour les entreprises canadiennes. »
Source : Agence France-Presse
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