Un Québec « plus que jamais en position de force », dit Couillard.
Le Québec est « plus que jamais en position de force comme partenaire et leader » de la fédération canadienne après l'élection d'un gouvernement libéral majoritaire dirigé par Justin Trudeau, affirme le premier ministre Philippe Couillard.
« Le devoir d'un premier ministre d'un gouvernement au Québec, c'est de faire progresser le Québec dans la fédération canadienne et dans le monde en tant que participant actif, leader de ce pays que nous avons contribué à bâtir », a dit M. Couillard dans un bref point de presse.
« C'est la base de mon implication politique : promouvoir les intérêts du Québec, le faire rayonner, ici et ailleurs dans le monde. C'est le meilleur moyen d'assurer notre développement, et le meilleur véhicule, bien sûr, c'est la fédération canadienne », a poursuivi le premier ministre.
« Le Québec est en position de force en tant que partenaire et leader engagé de cette fédération canadienne. Car être Québécois, Québécoise, c'est notre façon à nous d'être Canadiens. » — Philippe Couillard, premier ministre du Québec
M. Couillard, qui dit avoir félicité Justin Trudeau au nom de son gouvernement lors d'un bref entretien lundi soir, a rappelé qu'il avait établi les priorités de son gouvernement dans une lettre transmise aux chefs des partis fédéraux, lettre à laquelle M. Trudeau a répondu.
« J'ai rappelé aux chefs fédéraux que le succès de la fédération sur la collaboration et la coordination entre les deux ordres de gouvernement, qui sont essentielles afin de parvenir à des ententes et d'atteindre des objectifs communs, repose sur notre capacité à être partenaire », a-t-il dit, dans une critique voilée du gouvernement Harper.
M. Couillard a soutenu que Québec et Ottawa se devaient un respect mutuel, en énumérant « le respect de nos institutions, de nos compétences et de nos particularités, le respect des orientations politiques, législatives et budgétaires que nous établissons chacun en fonction de nos priorités de nos valeurs et de nos besoins. »
« Ces priorités, elles ont été énumérées dans plusieurs catégories : d'abord le fédéralisme fiscal, les transferts financiers - les transferts en santé, la péréquation, les infrastructures. Et également la reconnaissance d'une évidence, qui est le caractère spécifique, unique du Québec, ce qui lui donne bien sûr, des responsabilités particulières. »
M. Couillard souhaite maintenant se mettre au travail « le plus rapidement possible » avec le gouvernement Trudeau. D'une manière concrète, il a dit vouloir parler en premier lieu de la lutte contre les changements climatiques, en prévision de la conférence de Paris, des ententes commerciales et de leur impact sur les Québécois, mais aussi de l'entente sur le bois d'œuvre avec les États-Unis.
Interrogé sur la volonté affichée de Justin Trudeau de légaliser la marijuana, le premier ministre du Québec a aussi dit qu'il était plutôt en faveur de sa « décriminalisation », question de « s'adapter à l'évolution de la société ».
Le premier ministre Couillard n'a par ailleurs pas manqué de souligné que le Bloc a récolté un pourcentage des votes moindres qu'en 2011. « On assiste au lent déclin du mouvement souverainiste, ça m'apparaît évident », a-t-il commenté.
« La jeunesse n'est plus là », a-t-il ajouté. Elle est « tournée vers l'avenir » et comprend « l'avantage d'être dans un plus grand ensemble ».
Péladeau déçu du résultat du Bloc
Le chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, a félicité Justin Trudeau pour sa « très belle campagne » et sa victoire. « La volonté populaire a parlé, et la volonté populaire était claire et précise : elle souhaitait congédier le gouvernement de Stephen Harper », a-t-il dit. « Nous devons tous respecter la volonté populaire »
Il a cependant nié que les résultats du Bloc québécois brisent l'élan de son parti en faveur de la souveraineté. « Cette élection fédérale ne portait aucunement sur la souveraineté. »
« J'ai rencontré des souverainistes qui m'ont dit qu'ils allaient voter libéral, d'autres, néo-démocrates, parce que leur volonté était vraiment de congédier le gouvernement de M. Harper. » — Pierre Karl Péladeau, chef du Parti québécois
Le chef souverainiste a refusé de s'avancer lorsqu'un journaliste lui a demandé ce que lui inspirait le nom Trudeau, se bornant en dire que le futur premier ministre avait une « filiation importante ». Dans un message posté peu avant sur Facebook, il avait cependant évoqué l'histoire du Parti libéral.
« Aurons-nous une résurgence de cette vieille attitude du Parti libéral du Canada souhaitant reléguer le Québec au rôle d'une simple province alors que nous avons toujours constitué une société distincte avec nos valeurs et notre histoire? », écrivait-il, tout en soulignant que M. Trudeau a fait campagne en « promettant mer et monde ».
M. Péladeau admet dans ce message qu'il aurait « bien sûr » souhaité un meilleur résultat pour le Bloc québécois et son chef, Gilles Duceppe, au terme de leur campagne « bien menée », mais assure qu'il ne faut pas « chercher de midi à quatorze heures » pour expliquer ce qui s'est passé.
« Il ne faut aucunement voir une négation de la volonté des Québécois de s'affirmer comme nation et comme pays mais, alors que nous devons encore exercer nos droits d'électeurs à l'intérieur de la fédération canadienne, un choix autant passionnel que rationnel de se défaire des conservateurs », a-t-il conclu.
Legault retient la victoire de la deuxième opposition
Chef du deuxième parti d'opposition à l'Assemblée nationale, François Legault a félicité Justin Trudeau pour sa « belle campagne ». Selon lui, le premier ministre désigné « a montré que, même quand on est la deuxième opposition, il est possible de gagner ».
M. Legault, qui cherche à redéfinir la Coalition avenir Québec comme parti nationaliste, a annoncé qu'il tiendrait un point de presse mercredi pour parler des « impacts majeurs de cette élection sur les nationalistes québécois ».
« C'est certain que c'est un recul pour le mouvement souverainiste », a-t-il cependant ajouté, en écho au premier ministre Couillard.
Il a cependant réitéré de ce dernier a été « mou » dans les demandes qu'il a envoyées aux partis fédéraux. « Il va falloir que les demandes du Québec pour défendre nos questions identitaires soient plus fortes », a-t-il dit, après avoir argué qu'une majorité de Québécois « ont voté indirectement en appuyant le port du niqab pendant l'assermentation. »
François Legault a également admis entretenir certains doutes quant à l'approche économique de Justin Trudeau. Il a notamment souligné l'écart important entre le produit intérieur brut par habitant au Canada et aux États-Unis. « Il y a un rattrapage à faire », a-t-il dit.
« Sur le plan économique, j'ai une certaine inquiétude quand on parle de déficits. Vous savez que la CAQ a toujours été favorable à l'équilibre budgétaire. » — François Legault, chef de la CAQ
« Est-ce que ce sera suffisant de parler d'infrastructures publiques? Est-ce qu'il ne faut pas aussi d'un parler plan pour le manufacturier? D'un plan pour l'entreprise privée », a-t-il ajouté. « Il y a de grands défis pour M. Trudeau. Mais faut laisser la chance au coureur »
M. Legault a aussi été le seul à remercier Stephen Harper pour ses années comme premier ministre. « C'est jamais facile », a-t-il laissé tomber.
« Bon débarras M. Harper! », lance David
La porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, n'a pas caché qu'elle se réjouissait de la défaite des conservateurs, dans le premier d'une série de tweets au sujet du scrutin de lundi.
Mme David s'est aussi montrée sceptique quant aux engagements de M. Trudeau, qu'elle met au défi de remplir ses promesses après qu'il eut « fait campagne plus à gauche ».
« J'ai des craintes concernant le manque de clarté de M. Trudeau sur Énergie Est, TransCanada », a-t-elle écrit. « Il doit comprendre que le Québec dit non. »
À l'instar de Pierre Karl Péladeau, elle conclut elle aussi que les Québécois ont décidé de voter de façon stratégique, et qu'il n'est pas possible d'en tirer une quelconque conclusion au sujet de la souveraineté du Québec.
Source : Radio-Canada
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