Beauce: la pénurie de main-d’œuvre, un frein au développement

(Québec) Si le secteur manufacturier beauceron a connu une croissance modeste mais soutenue au cours des sept dernières années, la pénurie de main-d'oeuvre constitue un obstacle majeur au développement de ce secteur.

 

C'est ce qui ressort d'une enquête sur l'industrie manufacturière de la région pour l'année 2015 réalisée par les trois corporations de développement économique de Beauce, le CLD Robert-Cliche, Développement économique Nouvelle-Beauce et le Conseil économique de Beauce, auprès de 431 entreprises. Selon cette enquête, le nombre d'emplois dans le secteur manufacturier en Beauce a stagné au cours des sept dernières années pour s'établir à 16 778 en 2015. 

«Cette situation n'est pas idéale», estime Claude Morin, directeur général du Conseil économique de Beauce. Au moment d'écrire ces lignes, 675 emplois étaient à pourvoir dans cette seule région. «Nous sommes victimes de la courbe démographique. La population est vieillissante et les jeunes ne sont pas au rendez-vous», ajoute-t-il. 

 

À court terme, M. Morin ne craint pas une vague de retraites. «Ça va prendre encore un bon cinq ans avant que la situation soit plus critique. Les gens s'endettent beaucoup, et le bassin de personnes qui contribuent à la cagnotte collective diminue, alors ils travaillent plus longtemps».

Pour Daniel Chaîné, directeur général du CLD Robert-Cliche, cette pénurie de main-d'oeuvre risque de causer plusieurs maux de tête à l'avenir. «Prenez par exemple Maax, à Tring-Jonction, qui fabrique des produits de salle de bain. Sur les 200 employés que compte l'usine, plusieurs sont là depuis 20, 30 ou 40 ans. Ils sont tous près de la retraite. Et ils n'ont pas d'avantages économiques pour rester».

Avant Noël, le taux de chômage en Beauce s'établissait à 3,7 %, soit 4 % de moins que le taux de chômage à l'échelle du Québec. «Nous sommes presque en situation de plein emploi», déplore Daniel Chaîné. 

 

Il estime que trois problèmes majeurs découlent de cette pénurie. D'abord, il y a la question du développement. «Faute de personnel qualifié, les entreprises doivent refuser des contrats. Beaucoup d'entreprises beauceronnes ont tissé des liens sur le marché américain et elles ont profité de la reprise depuis 2009 mais, dans plusieurs cas, elles n'ont simplement pas la main-d'oeuvre pour répondre à la demande.» Ensuite, on craint de devoir sous-traiter certaines tâches à l'extérieur de la Beauce. Enfin, «il y a un risque de délocalisation des entreprises, qui peuvent aller s'installer sur la Rive-Sud de Mont-réal, par exemple, où les bassins de population sont plus grands.»

La situation devient difficile pour le transfert d'entreprises. «Si la relève ne se fait pas par des gens à l'interne ou dans l'environnement familial, qui va mettre la main sur l'entreprise?» demande Claude Morin. Et s'il n'y a pas de relève, les sociétés beauceronnes risquent de passer à des intérêts étrangers, «ce qui représente un facteur de risque important», croit pour sa part Daniel Chaîné. 

 

Pour contrer ces problèmes de main-d'oeuvre, les entreprises doivent redoubler d'ingéniosité pour continuer à croître. Marlène Bisson, directrice des opérations à Développement économique Nouvelle-Beauce, affirme que les investissements que les entreprises ont faits au cours des dernières années en matière d'innovation et de productivité «ont permis d'accroître leurs ventes malgré le manque d'employés». (….)


Source : Extrait d’article publié par Le Soleil

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